23 juin 2007

Attraction au salon de l'Hotel de ville


À présent je peux mourir en paix, j'ai chanté en duo avec Dalida !
Merci Bertrand pour cette belle exposition et quelle idée géniale d'installer des karaokés !
Pendant une heure (et encore j'aurais carrément pu squatter la matinée) j'ai accaparé le micro sous les bravos de nombreux admirateurs ! Beaucoup visiblement auraient aimé avoir mon culot et prendre place devant l'écran, mais que voulez-vous tout le monde n'a pas l'âme d'une star ! Du coup, je suis devenue la véritable attraction de l'exposition, capable de mettre un peu d'ambiance parmi ces morts vivants susurrant vaguement et de loin, les paroles s'affichant sur l'écran.
Au fil de l'expo certains, littéralement scotchés par mon talent d'imitatrice venaient me voir pour savoir à quel point j'étais "fan" de Dalida, si je m'entrainait à chanter chez moi (oui sous la douche)... Et moi de répondre, "mais non, je suis pas fan, j'aime juste chanter (et accessoirement épater les gens!)". Le duo "paroles, paroles" improvisé avec un inconnu était drôle : il s'excusait presque de ne pas être à la hauteur de ma prestation sous prétexte qu'il ne maîtrisait pas parfaitement le texte de Delon !
Bref l'hallu totale. Depuis, Julien me harcèle pour que je m'inscrive à la Nouvelle Star... ce qui ne lui ressemble pas du tout, pourtant il est a l'air très sérieux ! Allez chiche !
En attendant, je ne me remets pas encore du moment de plaisir que je viens de vivre ! Vais-je résister à l'envie de retourner pousser la chansonnette ? ...

22 juin 2007

Enfin !

Après des années de pression sur Juju, j'ai enfin mon invit' VIP ! Affaire suivre, je promets un compte rendu impartial sur la qualité des côtelettes achetées et marinées par Bertrand Meheut !

21 juin 2007

Et pourquoi pas Nijinski ?

21 juin : jour du bilan.
Dans la vie d’un enseignant tout se termine toujours le 21 juin.
Anormale parmi les normaux, ce jour de fête (de la musique) a souvent été pour moi, un jour d’immense vacuité. À cette date l’année scolaire est terminée et contrairement à l’idée reçue cela ne s’accompagne pas nécessairement d’une joie débordante. La fin des cours est un passage psychologiquement critique qui s’accompagne d’une inexorable et annuelle prise de conscience : celle que le temps passe. Certes en septembre tout recommencera, mais curieusement rien ne sera pareil, à commencer par les élèves. L’idée d’un perpétuel recommencement est assez oppressant car mécanique, comme si le professeur au fond n’était qu’un robot éternellement paramétré pour modeler les esprits !
À chaque fin d’année j’en suis donc là à me remettre en question et à deviser sur le fait qu’il est effrayant de ne pas laisser de traces derrière soit, alors que les ans laissent des traces sur nous ! On repense aux élèves que l’on a fini par aimer au bout du compte ! Et que l’on ne verra plus, qui vont poursuivre leur route comme nous la notre en faisant semblant que rien ne nous affecte jamais.

21 juin : jour du souvenir.
La « fin » du travail coïncide avec la fête de la musique. Je me rappelle l’avoir passée avec Drucker sur France 2 ou avec des copains de classe et de fac, avec des collègues ou des amis aussi. C’était à Hyères, à Nice, à Marseille ou à Paris, au Luxembourg ou aux Tuileries sous la grande roue qui m’illumine encore de ses feux colorés. C’était beau. De chouettes souvenirs mais qui m’assaillent un peu trop fort. Que le temps passe...

21 juin 2007 : jour des bonnes résolutions.
Fort du constat précédent et de l’humeur massacrante du jour, 3 choses s’imposent !
Un : arrêter de ressasser ses souvenirs en se prenant pour Elisabeth Bennet dans Pride and Prejudice ;
Deux : arrêter de regarder voler les moucherons (et la pendule qui n’avance pas) d’un air dépité d’avance (lui) ;
Trois : arrêter de penser que je suis la victime perpétuelle d’autrui bref, arrêter de penser que j’ai une raison valable de déprimer.
Pour tenir toutes ces bonnes résolutions, une solution : le musée d’Orsay.

10 heures.
Après toutes ces tergiversations et avoir hésité mille fois à bouger mon derrière pour éviter la sinistrose, je descends prendre mon vélo décati, qui a bien failli me servir d’alibi pour ne rien faire. À la guerre comme à la guerre, il n’a plus qu’un frein, et bien qu’à cela ne tienne, je freinerais avec les pieds ! En route vers la Seine, à la gare d’Orsay !
Quel drôle de sentiment que celui d’arriver chez soi ! Je le connais du fond du cœur ce musée et refais sempiternellement le parcours pour saluer les mêmes tableaux. Je sais où chacun se loge et remarque immédiatement les changements d’accrochages et les pièces qui ont disparu le temps d’un prêt. Je viens régulièrement rendre visite à ces amis inertes qui me font tant de bien. C’est un pèlerinage, païen ! Peut-être parce que j’ai reçu une éducation des plus anticléricale je réalise aujourd’hui à quel point il est fondamental de croire en des icônes. Elles parachèvent notre fabrication et sont les référents qui font notre consistance !
Je n’arrive pas à dater précisément cette révélation quasi mystique pour la peinture. Cela se situe très probablement autour de 1995, au moment où j’ai découvert mon maître absolu en matière de littérature : Flaubert, qui se trouve être le point de départ de mon tissage culturel !
Toujours est-il que je peux passer des heures à Orsay (et le fais) à me ressourcer, seule, en tête à tête avec les toiles. Je les regarde familièrement et il faut croire qu’elles me répondent. Elles me renvoient des souvenirs et des Correspondances. Vertige Stendhalien ou pas, je dois quand même reconnaître que la peinture me transcende et revêt un caractère fondamental dans ma construction intellectuelle (ça manque vraiment de modestie tout ça !).
Le bilan.
Suis très contente d’avoir échappé au cafard du 21 juin !
Cela dit je reviens un peu frustrée de mon pèlerinage : le seul Burne-Jones d’Orsay était à Lyon et les étages destinés aux arts décoratifs néo-gothiques étaient fermés. Côté expositions temporaires c’était inégal, celle sur les architectures des expositions universelles était peu fournie, par contre la collection de photographies sur le thème de « la main » était tout à fait intéressante. Il y avait quelques photographies de Julia Margaret Cameron, que j’aime beaucoup et deux ou trois très beaux clichés de Nijinski (les plus célèbres) dans le costume de « l’après midi d’un faune » (photos qui me vaudront d’aller chez Gibert relire les 110 alexandrins du poème éponyme de Mallarmé !). Enfin l’expo sur Vollard fait un tabac, il faut dire qu’elle présente les œuvres sacrées du début du XXème, réunissant des pièces maîtresses de Cézanne, Van Gogh, Gauguin ou Picasso.
17h30.
L’après midi est déjà bien entamé, il est temps de regagner ses pénates…

14 juin 2007

Même recette 24 ans après...

"Tiens un CD !"
Depuis 2 ans, avec la plus délicate des attentions Arnaud sème des CD dans mon casier, ce qui me permet de faire ou parfaire ma culture musicale (si si j'ai bien dit culture).
En ce tout début de mois de mai, je tombe donc sur l'album de Mika, "Life in cartoon motion".
- Connais pas, c'est qui lui ?".
- C'est l'idole des gays londoniens. Mets ça dans ta caisse, me dit Arnaud les yeux plein de malice, "surtout la piste 5 qui est pas mal".
Pas mal ? Rien que ça ? Mais elle DECHIRE, Arnaud !
1ère écoute et la Grande fille se dandine déjà au volant de sa voiture. Ca fleure bon les années 80... Humm ! Si c'est pas top ces vieux rythmes genre "je découvre mon orgue Bontempi et utilise tous les boutons" ! Et puis y'a cette voix, mélange de Bee-Gees et de Patrick Juvet qui te flingue les cordes vocales dès ton 1er karaoké. Alors tu te fais violence pour ne pas te déchaîner dans tous les sens (pas mal pour éviter de se faire griller par son voisin de feu rouge) et l'autre coco te dit : "Relax take it eeeeeeeeasy" ! Facile !
Depuis ce petit air à la Emile et image est devenu un MEGA tube que l'on entend partout.
Pour ma part le phénomène Mika me conforte dans l'idée que nous adorons les années 80 et que les vieilles recettes sont toujours les meilleures. Allez ! ne me dites pas que vous n'avez pas pensé immédiatement à Frankie goes to Hollywood lorsque vous avez entendu Mika pour la 1ère fois ! D'accord on est loin de la New Wave homo de FGTH, mais n'empêche, ce tube d'aujour'hui réveille celui d'hier. 2007 signe le grand retour de la musique gay enterrée avec Queen. Pourtant l'allure a changé, fini le look SM et les moustaches, Mika joue la carte de l'androgyne sympa sauce Raphaël. Nombreux sont ceux qui le comparent déjà à Freddy Mercury, aux Beatles et même à Bowie... en matière de comparaison j'ai tapé beaucoup, beaucoup moins haut !!

12 juin 2007

Le Guépard

Le chef d'oeuvre de Tomasi di Lampedusa enfin re-traduit !

Trois secondes après avoir lu la nouvelle dans Elle (je sais je suis entrain de tomber très très bas...), me voilà galopant vers la Fnac pour sentir le papier tout fraîchement coupé et faire glisser mes doigts sur ces 400 pages de pur bonheur !
Il y a des choses comme ça pour lesquelles je deviens à peu près folle !
Ceux qui me connaissent (et/ou lisent mon blog) savent ma passion dévorante pour la fin du XIXème siècle en Europe. Ce qui y touche de près ou de loin atterrit nécessairement chez moi. Cette traduction est donc un nouveau billet pour le voyage que je ne ferais jamais (sinon par l'imaginaire), celui qui conduit quelques siècles en arrière.
Que le décor soit posé, je suis prête !

Quatre cent pages pour redécouvrir avec plaisir l'Italie du Risorgimento au travers des yeux du prince de Salina. L'auteur retrace l'effondrement de l'ordre ancien (celui des Rois de Savoie) et la décadence de l'aristocratie, face à la force nouvelle du pays incarnée par Tancrède, le neveu impétueux (Delon dans le film tout aussi chef d'oeuvre de Visconti) et figure emblématique du futur Royaume d'Italie.
Entre passé et futur, nostagie et révolte, le guépard peint une fresque splendide d'une Sicile en proie aux tourments des années d'unification du pays, mais aussi le portrait d'un homme, Don Fabrizio, témoin formidable de cette période de bouillonnements.
Le guépard pose avec justesse la question italienne, mais il est aussi une grille de lecture pertinente à l'échelle européenne, puisque pour l'ensemble des sociétés, la fin du XIXème siècle est aussi le tournant vers un XXème tout en changement et modernité. Les bouleversements profonds qui accompagnent la fin du siècle ont aussi souvent semé confusions et peurs. La décadence que l'on observe dans plusieurs pays européens (la Vienne que l'on dit "fin de siècle" ou le Berlin des années 20 parlent d'elles mêmes) en est la résultante. Elle est aussi une explication à la libéralisation des sociétés du siècle naissant. C'est d'ailleurs à cet aspect fascinant que Luchino Visconti a consacré son oeuvre, qui du guépard aux Damnés en passant par Ludwig, n'a fait que (si je puis dire) retracer des époques et des destins ruinés.